jeudi 18 août 2011

Les leçons de Vegas


Un article que je vais essayer de faire sur un ton « on ne peut plus sérieux ». Donc pas d’anecdotes cocasses, ni de situation loufoque mais juste une analyse post mortem de mon jeu.

En préambule, juste une petite comparaison du niveau moyen à 5/10. Si je classe les parties à 5/10 que j’ai pu faire lors de mes déplacements cela donne :

Bellagio : niveau relevé avec 2 ou 3 solides regs à table, grosse profondeur de tapis. Bonne partie
ACF
: niveau relevé avec 3 ou 4 solides regs à table, grosse profondeur de tapis. Partie moyenne car peu de joueurs, il vaut mieux jouer à 5/5

Victoria Casino (Londres) : Bon niveau, Grosses profondeurs. Très bonne partie.

Evian : Niveau Moyen plus à l’occasion des tournois d’Evian uniquement (sinon pas de poker dans ce casino). Pas énormément de profondeur. Partie moyenne.
Lyon Vert (Lyon) : Niveau Moyen, profondeur standard. Bonne partie.

Divonnes les bains : Niveau faible : bonne profondeur après 2 heures de jeu. Très bonne partie.
Pharaon (Lyon)
: Niveau faible, peu de profondeur. Gros bordel dans ce casino. Mauvaise partie.
Palm Beach (Cannes)
: Niveau Faible. Profondeur standard. Très bonne partie.
Casino Croisette (Cannes)
: Niveau Faible. Profondeur standard. Très bonne partie.
Montreux (Suisse) : Niveau Faible. Profondeur standard. Très bonne partie.
La Mamounia (Marrakech)
Niveau Faible. Profondeur faible. Mauvaise partie à cause du système de décave toutes les 90 minutes.

Mediterraneo (Alicante/Espagne) : Niveau Déplorable, bonne profondeur après 2 heures de jeu. La Mecque du poker à 5/10. Amenez des sacs pour les billets et une bonne CB pour la variance.

Bref, Le Bellagio n’est pas FishLand.

Voici les enseignements de mes 3 semaines poker :

1. Une partie non limitée dans le temps est un avantage énorme, il faut donc au maximum privilégier les sessions de cash game dans les endroits proposant une plage d’ouverture très importante. En effet, la perspective d’une heure de fermeture rajoute une contrainte psychologique qui est extrêmement dommageable pour la session. Ce phénomène est d’autant plus vrai en cas de pertes en début de session. Même si cela n’est pas professionnel et tire franchement sur l’amateurisme, je déteste me dire après 2 heures de jeu que la session sera négative car je n’aurais jamais « le temps » de remonter. Enfin, Le Meta Game prend vraiment ses lettres de noblesse, lorsqu’on joue avec des adversaires pendant 10 heures de suite…

2. Encore et plus que toujours ce jeu n’est qu’une bataille contre soi même avant de l’être contre les autres. Certes je pense toujours que je suis limité techniquement, certes des lignes complexes m’échappent. Mais finalement après avoir bien observé les pros qui vivent du poker live en 5/10 (ils sont 5 au Bellagio), là où ils me surpassent complètement c’est sur la gestion psychologique de la session. En clair :
En cas de bad beat, de coups mal joués ils se lèvent faire un tour ou partent définitivement. Mais à chaque fois, ils ont un rituel prédéfini pour éviter que cela ne dégrade leur jeu.
Rigueur, rigueur, rigueur !!! Peu d’erreur par une gestion « machinale » de chaque main. Les cartes préflop sont choisies méticuleusement en fonction de la position et des joueurs, on ne suit pas un tirage limite,etc.. Ce sont des vrais terminators et ce quelle que soit l’état de leur stack. Il est très tentant de jouer un coup limite car on est à +5000 et bien pas chez ces gens là. Je comparerai cela au tennis, on ne pense pas au score, on joue chaque coup indépendamment de l’autre.

3. La session doit être pensée et gérée :
Ils sont le plus souvent conservateurs en début de session, afin d’éviter de se mettre dans le rouge dès le début et donc d’affronter ce que j’ai écrit dans le point 1. Attention, cela ne veut pas dire qu’ils ne vont pas partir à tapis s’ils estiment jouer un flip et que la dead money le justifie, mais pas de bluffs difficiles, ni de calls hasardeux en début de session. Vieto m’avait donné ce conseil et cela se vérifie largement.
Ils ont une notion de fin de session prédéfinie. Je suis quasi certain de cela, je ne sais pas ce qu’il les fait arrêter : stop win, durée max, état psychologique. Mais les marathons poker ne sont pas pour eux et pourtant cela est tentant à Vegas. A chaque fois que je leur ai demandé, ils ont esquissé un sourire et m’ont tous menti… Je serai curieux de savoir mais je pense franchement qu’ils ont au moins un stop win.

4. Table and position selection.
La table : Encore du classique, mais que cela est vrai. Lorsqu’à la table il y a les 5 pros de la 5/10 et bien je vous souhaite bien du plaisir ! Oui il y a des fishs, mais tout le monde est dessus et les regs, qui ont compris que vous voulez attrapez le fish, développent un jeu pour attraper celui qui veut attraper le fish (c’est compliqué hein ?). Là il faut partir, voire descendre de limite (ou monter à 10/20 mais moi ça m’a pas réussi lol)

La position. Plus on est deep et plus cela est critique. Avec un stack de 3000$ à 5/10 et un reg et un maniaque juste à votre gauche, la session va être difficile voire cauchemardesque. Obligé de resserrer le jeu ou de 3bet avec le risque d’être payé et de se retrouver hors de position, subir les bluffs et les raises turn,.. Bref, évidemment cela est très critique. Avantage de Vegas, on peut changer de place et c’est littéralement la guerre quand quelqu’un part si le siège libéré est stratégiquement placé.

5. Bankroll, banqueroute et gestion du bad run.
Le poker est un jeu de variance et quand vous prenez un swing de +5000 à -8000 soit 13 000 de différentiel comme il m’est arrivé il vaut mieux être rollé pour cela et avoir une bonne distance par rapport à l’argent joué au poker. Il est clair que le lendemain matin lorsque l’on va acheter son coca à 2$ on retombe de haut… Je ne suis pas content de la gestion de mon badrun, je pense que je n’ai pas su le vivre de manière froide et professionnelle. Certes les sessions à bad beat se sont succédé (oui pas de s à succédé !!) mais je suis certain qu’il y a des mauvais coups joués car je n’étais pas bien psychologiquement. Là est mon problème, je suis incapable d’en tirer les leçons. Je me suis analysé et je me sentais bien mais en fait je ne l’étais pas, j’ai fait un break mais trop court.
De combien de temps aurais-je dû le faire ?
J’ai un stop loss à 3 caves, est-ce trop ?
Comment jauger efficacement de son état psychologique ?
Bref autant de questions sans réponses, à ce propos merci de me donner vos avis!!.

Voici le récapitulatif graphique de tout cela, en bleu le cumulé :



Keep Going!

5 commentaires:

Anonyme a dit…

3 caves me parait pas énorme comme stop loss. J'ai très très régulièrement des swings de cinq caves dans mes sessions, et pourtant j'ai pas un jeu high variance je trouve. Loin de là.

Ensuite obv, je joue moins cher, mais après tout la limite importe peu une fois la BK construite. Faut raisonner en terme de BI et donc du coup 3 BI me parait déjà un peu juste.

Un break d'une heure ou deux en cas de grosse perte me parait sympa histoire de vraiment repartir sur des bonnes bases psychologiques. Un ptit verre en terrasse et un bouquin histoire de se changer les idées avant de repartir au combat.


Très bon article.

raulvolfoni a dit…

3 caves, ca peut paraitre peu mais ca dépend la profondeur au départ (100BB, 200BB, ou+).

En tout cas Végas t'inspire de très bons billets !

Aiglon147 a dit…

Moi je reviens sur ta vision tes joueurs pro... Le professionnalisme c'est exactement ça ! Je fais le parallèle comme d'habitude avec le snooker mais j'avais exactement les mêmes sensations en les regardant ! Le mec joue en 5 frames gagnantes, il mène 4 à 0 et au lieu d'attaquer une rouge qui dépasse en bas de la table il va préférer jouer un "safety shot" pour encore plus enfoncer le clou sur son adversaire mais surtout pour éviter lui-même de sortir du "A-game" !
Si l'on ne comprend pas cela ou que l'on n'est pas capable de s'y tenir, il ne faut pas essayer de devenir sportif professionnel. La rigueur est la base de tout et le hasard n'existe pas ou bien il est réduit au minimum.
J'ai déjà eu plusieurs fois ce genre de conversation avec Manu et je reste persuadé que dans le monde du poker c'est un domaine où la majorité des bons joueurs ont encore de gros progrès à faire...

Andtherivercame a dit…

Merci à tous!
Oui Aiglon, tu as raison, mais c'est assez impressionnant à voir...
Comprendre que la majorité de l'edge est là est aussi difficile car on se cache souvent derrière la technique.

See you!

Andtherivercame a dit…

3BI ce n'est pas énorme en terme de swing certes, mais la question est plus d'ordre psychologique... 4 ou 5BI après, l'attention et l'état sont-ils tjrs optimaux??

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